Candriam : le label ISR est mort, vive le Label ISR !

04/06/2021 - source : Gestion de Fortune

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Victime de son succès et de son manque d’exigence, le Label ISR est en passe de succomber. C’est un raisonnement que développe dans un point de vue David Czupryna, responsable développement ESG chez Candriam.

« En choisissant de focaliser les exigences de durabilité sur les modalités de gestion et non sur le résultat, l’Etat français, fait observer dans une récente chronique David Czupryna, responsable développement ESG chez Candriam, ouvrait la porte à une diversité de stratégies, créant le risque, qui se matérialise aujourd’hui, de rendre le label illisible pour l’épargnant. » Pour le professionnel, c’est bien l’épargnant qui est le « grand oublié » du Label ISR dans sa forme actuelle. Comment légitimer qu’un support qui investit dans des entreprises des secteurs du tabac, de l’armement ou du pétrole, puisse être considéré comme «durable » ?

Le rapport commandé à l’inspection générale des finances (rendu public en mars dernier) attaque d’emblée les faiblesses du label, avec un avertissement : faute d’y apporter des remèdes, c’est l’engagement de l’Etat dans le label qui sera remis en question ! Alors que 62 % d’épargnants déclarent ne jamais avoir entendu parler du Label ISR, le rapport montre l’échec du label à attirer l’épargnant, constatant que la croissance des encours dans les fonds labellisés ISR suit celle des encours des fonds ISR non labellisés.

Pousser les entreprises dans le bon sens

« Le rapport fait 20 recommandations qui, souligne David Czupryna, vont pour la plupart dans le bon sens. Le label pourrait exiger qu’un fonds labellisé explique comment il contribue à au moins un des 17 Objectifs de développement durable des Nations unies, en incluant un ou plusieurs indicateurs justifiant cette contribution. » D’après cet expert, pour qui le manque d’ambition des actionnaires pour faire progresser la durabilité au sein des entreprises est regrettable, le défi réside dans le manque de standard de mesure d’impact. Le rapport évoque, notamment, la difficulté liée à la qualité et à la cohérence des données pour le calcul des scores ESG. « Lors des assemblées générales durant lesquelles plusieurs grands émetteurs de CO2 vont être appelés à s’engager avec un plan précis et validé scientifiquement sur les objectifs de l’Accord de Paris, estime le spécialiste ESG de Candriam, il serait souhaitable que le rôle joué par les actionnaires pour pousser les entreprises dans le bon sens soit reconnu et encouragé par le Label ISR. »

Il lui paraît essentiel que le référentiel du label évolue vers plus de réalisme et d’exigence. Exigence sur le standard minimum à mettre en œuvre non pas seulement dans la politique de gestion, mais aussi dans le résultat concret, tangible, au niveau du contenu des fonds. Enfin, selon David Czupryna, les responsables du label pourraient réfléchir à des attentes minimales en termes de positionnement pour les entreprises les plus exposées au changement climatique.

ML