Financière de l'Arc - Restrictif mais pas assez restrictif !

03/07/2023 - source : Patrimoine 24

Les banquiers centraux font-ils une fixation sur l’inflation ? La BCE tenait, cette semaine du 26 au 28 juin, son forum annuel à Sintra au Portugal. Le thème 2023 est sans équivoque : « La stabilisation macroéconomique dans un environnement volatil d’inflation ». En plus des 28 experts du monde entier sélectionnés pour animer les conférences, tout membre d’une banque centrale, influent ou non, avait la liberté de s’exprimer. Le moins que l’on puisse dire est que ce droit a été massivement utilisé cette année. Tels des tribuns au Sénat romain, ils se sont massivement levés pour pointer du doigt le diable qui sévit actuellement : l’inflation persistante est trop élevée.

Arnaud Benoist VidalArnaud Benoist Vidal, Analyste macroéconomique

Tout d’abord, lors de son discours d’introduction et en tant que Présidente, Christine Lagarde a confirmé une hausse des taux directeurs en juillet, si les conditions actuelles persistaient, tout en précisant qu’une pause était actuellement inenvisageable. Invité, Jerome Powell a renchéri en affirmant que, même si la politique monétaire de la FED est restrictive, celle-ci ne l’est probablement pas assez, ou alors pas depuis une durée suffisamment longue. Pour achever le tout, parmi les membres les plus durs en zone euro, le belge Pierre Wunsch a baissé le pouce vers le bas, en affirmant qu’il fallait que les 3 prochains chiffres d’inflation baissent pour ne pas relever les taux en septembre.

Ce jusqu’au-boutisme va-t-il nous faire plonger durement dans la récession ?

Sur le sujet de l’inflation, les grands argentiers ont raison. Le phénomène de hausse des prix bien supérieur à la cible de 2% n’est pas terminé. Certes, nous sommes dans une période de désinflation qui va se prolonger encore plusieurs mois. Cependant, celle-ci va ralentir mécaniquement à cause, d’une part de la stabilisation des prix de l’énergie et de l’alimentaire, et d’autre part à cause de l’effet séquentiel où les mois forts de mai et de juin 2022 (0,8% mensuellement), vont laisser place à ceux modérés de juillet et d’août 2022 (respectivement de 0,3% et de 0,2%). Il faudra donc passer septembre et octobre 2023, pour voir l’accélération de la hausse des prix s’atténuer. En réalité, nous sommes plutôt sur une base annuelle comprise entre 3,6% à 4,8%, bien supérieure au mandat des banques centrales. Celles-ci vont donc maintenir le cap, même si l’activité ralentit, et cela tant que la bête n’ait aucune chance de ressusciter. Après avoir réagi trop tardivement en 2021 contre une montée de l’inflation jugée transitoire, elles courent le risque d’être de nouveau en décalage avec la réalité économique. En effet, continuer à croire que, « la stagflation n’est pas le scénario central », comme l’a martelé Pierre Wunsch, comporte le risque grandissant de réagir trop tardivement en cas de matérialisation de celle-ci. Les indicateurs PMI de juin, en nette baisse dans les pays développés font craindre le pire. C’est actuellement le danger pour les marchés, car historiquement la fin d’un cycle de durcissement monétaire rime avec une hausse de ces derniers, dans l’espoir d’un assouplissement imminent. À la suite de la rhétorique de Sintra, il faut oublier cet effet positif dans l’immédiat.

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Par Arnaud Benoist Vidal, Analyste macroéconomique, Gérant du fonds Arc Actions Santé Innovante

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