La Financière de l'Arc - Oil en stock

23/10/2023 - source : Patrimoine 24

Le monde entier retient son souffle et le bilan humain s’alourdit quotidiennement au Moyen-Orient. Les tentatives diplomatiques échouent et ne réussissent qu’à trouver des solutions humanitaires bienvenues, mais qui restent dérisoires pour la population civile concernée. Le fait inédit depuis plus de 40 ans est que ce nouveau conflit israélo-palestinien fait grimper les cours de l’énergie. En théorie, la zone de combats est pauvre en pétrole et ne devrait pas influencer le prix des matières premières fossiles. La réalité est toute autre, car l’implication de l’Iran en tant que soutien du Hamas et du Hezbollah fait craindre une extension mondiale de cette guerre.

Arnaud Benoist Vidal

Sommes-nous à la veille d’un nouveau choc pétrolier ?

Les plus de 50 ans se souviennent qu’en 1973, à la suite de la guerre du Kippour contre Israël, les pays producteurs de l’OPEP décidèrent en rétorsion d’augmenter fortement le prix du baril de brut. Celui-ci passa de 2,60 dollars en octobre à plus de 11 dollars en janvier 1974. Cinq années plus tard, c’est à cause de la révolution iranienne de 1979, que le cours de l’or noir connut un pic à 40 dollars. Nul doute que l’appel de cette semaine de l’Iran à boycotter Israël fait resurgir ce scénario de cauchemar pour les pays consommateurs.

Quelle est la situation exacte aujourd’hui? Il faut reconnaître qu’avant l’attaque du 7 octobre, le cours du Brent était dans un canal entre 80 à 90 dollars, à cause des coupes de production décidées par l’OPEP+. Cette stratégie, menée par l’Arabie Saoudite, a permis de faire baisser les stocks de brut. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, les stocks des pays de l’OCDE totalisent 2,816 milliards de barils, soit l’équivalents de 58 jours des besoins nécessaires, et sont repassés en dessous du niveau de ceux de 2022 depuis juin dernier. Ils sont dorénavant inférieurs à la moyenne des 5 dernières années de 102 millions de barils. Si l’offre a été contenu à 101,6 millions de barils jours en septembre, la demande mondiale a augmenté de 2,3 millions de barils en 2023 pour atteindre 101,9 millions de barils jour. 77 % de cette progression provient de la Chine, de l’Inde et du Brésil. Le marché est donc actuellement en déficit. Selon les estimations de Kepler Cheuvreux, ce déséquilibre atteindrait même 2 millions de baril jour au 4ème trimestre.

Avant le conflit, l’Arabie Saoudite avait initié les démarches en vue d’une reconnaissance de l’État Hébreux. Ce processus est désormais gelé. L’Iran a produit 3,14 millions de barils par jour en septembre contre 9 millions pour le royaume saoudien. Les capacités disponibles de l’OPEP sont évaluées à 4,91 millions de baril jour dont 3,13 millions pour les Saoudiens et 0,95 millions pour les Émirats Arabes Unis. On voit bien l’importance géopolitique de ces pays actuellement. Pendant les dernières guerres du Golf, l’Arabie saoudite veillait à ce que le marché mondial de pétrole ne soit pas en situation de pénurie. Qu’en est-il aujourd’hui où le Premier ministre Mohammed ben Salmane affiche beaucoup moins d’affinité avec les États-Unis que ses prédécesseurs ?

Toutes ces interrogations et ces inconnues expliquent la bonne tenue des cours du brut, et de l’or en tant que valeur refuge. Cela renforce notre conviction de maintenir notre surpondération sur les valeurs pétrolières dans nos portefeuilles. Cependant, toutes les matières premières fossiles ne sont pas en surchauffe. Ainsi, le prix du gaz naturel TTF en Europe se situe aux alentours de 50 euros le mégawattheure, contre 100 euros l’année dernière. L’explication se trouve dans la consommation, en baisse de 18 % sur un an et le niveau des stocks, à 98 % des capacités dans l’Hexagone, selon DataGaz. Même si le conflit a fait bondir le prix du gaz de 40 %, ce sont principalement les températures qui décideront des cours ces prochaines semaines.

Par Arnaud Benoist-Vidal, gérant d’actifs.

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