La Financière de l'Echiquier - MACROSCOPE - Etats-Unis : l’argent gratuit, c’est fini !

22/03/2022 - source : Patrimoine 24

En annonçant mercredi 16 mars sa première hausse de taux depuis fin 2018, Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), a mis fin à deux ans de taux directeurs nuls. Les facilités monétaires exceptionnelles déployées contre le Covid ont vécu.

Clément InbonaAvec un taux de chômage de 3,8% et attendu en décrue en mars, le marché du travail américain est très proche du plein emploi. Pour l’activité économique aussi, la situation est flatteuse : la croissance, qui a été vigoureuse l’an dernier – en hausse de +5,7% – devrait connaître, selon la Fed, une nouvelle hausse, de +2,8% en 2022. C’est donc naturellement sur l’inflation sur laquelle se focalise désormais la Réserve fédérale américaine. Avec des prix à la consommation en hausse de 8% sur un an, un niveau inédit depuis les années 1970, la Banque centrale a fort à faire pour juguler le phénomène. En cela, Jerome Powell a été très clair lors de ses échanges avec la presse : il a ainsi déclaré que la Fed était disposée à utiliser pleinement tous les outils en sa possession pour éviter que l’inflation s’enracine à un niveau bien supérieur à sa cible de 2% par an, no matter what happens.

Ironiquement, la Fed marche dans le sillon de la banque centrale russe qui, quelques semaines auparavant, avait doublé ses taux directeurs pour les porter à 20% ! Evidemment, le parallèle avec la Réserve américaine s’arrête là, les contextes économiques russe et américain étant bien différents. Quoi qu’il en soit, la Réserve fédérale adopte une posture restrictive et compte la maintenir durablement. Ainsi ses membres se préparent-ils à monter les taux à sept reprises rien qu’en 2022.

Le robinet de liquidités se referme donc peu à peu, et on peut raisonnablement envisager qu’en plus d’augmenter progressivement ses taux directeurs, la Fed s’attaque dans les mois à venir à la réduction de son bilan : elle se délestera progressivement des créances acquises afin de maintenir des conditions de financement extrêmement favorables à l’Etat américain ainsi qu’aux entreprises durant la crise sanitaire. Par ce canal, elle a certainement sauvé plus d’une entreprise d’une faillite certaine : rappelons-nous le chavirage annoncé des croisiéristes en 2020 en plein cœur de la crise, un secteur finalement remis à flot in extremis par la réserve fédérale. Mais ces achats d’actifs ont aussi contribué à amplifier la hausse des prix par l’incitation à l’endettement que ces mesures représentaient pour les entreprises et les ménages.

L’argent gratuit est donc fini aux Etats-Unis. En Europe, en revanche, la Banque Centrale (BCE) maintient toujours des conditions de financement particulièrement favorables puisqu’elle poursuit ses achats d’actifs et maintient des taux directeur négatifs. Pour combien de temps encore ?

Rédaction achevée le 18.03.2022

Clément Inbona, Fund Manager

Telex:

Inflation européenne : Au-delà d’une révision marginale à la hausse du chiffre annuel (5,9% contre 5,8% en estimation préliminaire), la publication finale de l’inflation en zone euro pour février est intéressante pour le niveau de détail qu’elle offre. Sur le mois, de nombreuses composantes ont connu des hausses marquées. Si l’augmentation de 1,9% des prix des transports est tirée par la hausse de 4,5% des prix des carburants et lubrifiants, on note néanmoins la hausse de 0,9% du prix des véhicules (en particulier d’occasion, +1,4%) et des pneus et pièces détachées (+0,7%). Les prix des équipements domestiques augmentent pour leur part de 1,0%, avec l’électroménager et l’ameublement en hausse de 1%, tandis que les textiles domestiques voient leurs prix croître de 1,7%. Ces hausses dessinent une inflation davantage liée à la demande, comme aux Etats-Unis, qu’à un choc d’offre sur les matières premières. Cela reste toutefois embryonnaire et l’énergie représente toujours près de 60% de la hausse globale des prix sur un an (20% aux Etats-Unis).

Banque d’Angleterre : Sans surprise, la BoE a procédé à une 3e remontée de ses taux directeurs, de 0,25%, portant le taux directeur à 0,75%, soit son niveau d’avant crise. La banque centrale estime par ailleurs que la situation inflationniste nécessitera "further modest tightening in coming months". Cette notion de resserrement « modeste » s’apprécie au regard de perspectives d’inflation qui ont pourtant été relevées, de 7,25 à 8,0% pour le 2e trimestre, et « peut-être plus dans les mois qui suivent ». La BoE s’attend pourtant toujours à une baisse sensible de l’inflation. Concrètement, à l’image de la Fed et de la BCE, la Banque d’Angleterre est dépendante des données économiques. De plus, après avoir ramené les taux à leur niveau de pré-crise, elle attend à présent de voir l’évolution de la situation pour adapter sa stratégie. On voit toutefois mal comment elle pourrait ne pas poursuivre un cycle de resserrement assez marqué au regard de ses déclarations : si la banque centrale considère que les perspectives de croissance sont plus faibles en raison du conflit russo-ukrainien, elle explique aussi que ce conflit, ainsi que la résurgence du Covid en Asie, pourraient à nouveau peser sur les chaînes d’approvisionnement, que des signes d’inflation immobilière apparaissent et que les entreprises prévoient largement d’augmenter les prix pour protéger leurs marges.

 

Picking de la semaine

 

NEOEN, des perspectives positives annoncées par le management 

L’actu. 

Le spécialiste français des énergies renouvelables vient de publier des résultats annuels en ligne avec les attentes du marché. 

 

Notre analyse. 

Sans surprise, les résultats annuels de NEOEN sont en ligne avec les attentes et la publication du mois dernier de son chiffre d’affaires 2021. Celui-ci ressort en hausse de +12% à 333 M. d’euros, le résultat opérationnel atteint 300 M. d’euros faisant ressortir une marge stable, en ligne avec les objectifs de la société. Les capacités sous opération ou en construction s’élèvent à 5,4 gigawatts et le groupe versera pour la première fois un dividende à ses actionnaires en 2022. Mais le principal intérêt de cette publication résidait dans les commentaires du management sur les impacts de la crise ukrainienne, ainsi que sur l’inflation. Concernant la guerre en Ukraine, l’impact sur la hausse des prix du gaz contraint les gouvernements à accroître rapidement la souveraineté et les capacités électriques européennes afin de réduire leur dépendance au gaz russe. Cela passera notamment par l’accélération de la croissance des énergies renouvelables. NEOEN est idéalement positionné pour répondre à ces besoins croissants, notamment en France et en Finlande. Le management souligne déjà une accélération des permis et des demandes d’autorisation de projets. Au niveau de l’Union européenne, il y a fort à parier que les autorités favoriseront les interconnections entre pays du vieux continent, le transfert de l'électricité solaire de l'Allemagne vers la France par exemple. Enfin, cette demande accrue devrait également contribuer à l’assainissement de l'environnement concurrentiel : peu d'acteurs disposant des capacités adéquates pour monter en puissance aussi rapidement.  Par ailleurs, le groupe n'anticipe pas d'inflation supplémentaire sur ses composants en raison de la crise russe et précise disposer de la capacité à passer des hausses de prix (+7% sur les derniers appels d'offre sur le solaire). Les projets attribués et dont la construction n'a pas commencé – c’est-à-dire ceux à risque en termes d'inflation des coûts – ne représentent plus que 600 mégawatts. Enfin, le management se montre confiant sur les taux de rendements de ses projets futurs.

En conclusion. 

Projet ambitieux créé en 2008 sous le nom de Direct Energies Renouvelable puis rebaptisé NEOEN en 2011, la société a pour ambition de devenir un des acteurs mondiaux de référence des énergies renouvelables. Caractérisé par une forte expertise sur l’ensemble du cycle de vie des projets, une discipline financière et une équipe de grande qualité, NEOEN conserve selon nous tous les atouts pour capturer le potentiel de croissance significatif de la transition énergétique. 

 

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