La Financière de l'Echiquier - MACROSCOPE - Le dragon est-il en train de se brûler les ailes ?

09/05/2022 - source : Patrimoine 24

Alors que la communauté des investisseurs s’interroge sur une éventuelle récession économique, la Chine démontre, une fois de plus, son temps d’avance.

lfde 09 05Que ce soit l’activité économique, la régulation des entreprises de la tech, les craintes géopolitiques et politiques, le marché immobilier… tous les indicateurs sont dans le rouge et peuvent laissent penser que l’empire du Milieu subit un fort ralentissement économique. Ces configurations peuvent-elles être propices aux opportunités d’investissement ? En termes de valorisation boursière, le fameux ratio du prix sur les bénéfices indique que les valeurs chinoises, tech notamment, sont aujourd’hui plus attractives. Qu’en est-il vraiment ?

Les raisons de la baisse du marché actions chinois sont nombreuses. La première est la régulation des entreprises tech chinoises, qui vise à limiter les pratiques anti-concurrentielles et à encadrer l’utilisation des données. Une autre raison est le différend qui oppose les Etats-Unis et la Chine sur les audits des sociétés chinoises cotées aux Etats-Unis. A cela s’ajoutent la réglementation du marché immobilier, qui peut rappeler les affres de la crise économique de 2008 aux Etats-Unis, la résurgence de la politique "zéro Covid", ainsi qu'un regain des craintes liées aux ambitions géopolitiques de la Chine, à l’égard de Taïwan notamment.

Côté marchés, certains investisseurs de renom tirent la sonnette d’alarme et préfèrent fuir ce marché qu’ils estiment aujourd’hui risqué, bien que doté d’un fort potentiel sur le long terme.

Sur un horizon de moyen terme, si la stratégie sanitaire stricte de la Chine entraîne bien un ralentissement économique domestique aux répercussions internationales, on constate la réduction des cas de Covid, de légers assouplissements dans certaines villes et la reprise de la mobilité intra et inter-cités. Et si le fret autoroutier, ferroviaire et maritime reste faible, il semble avoir atteint un point bas.

Côté politique, le Politburo a confirmé, lors de sa dernière réunion fin avril, sa volonté de déployer des politiques monétaires et budgétaires accommodantes pour lutter contre le ralentissement économique. Habituellement, il s’agit là d’un excellent catalyseur pour les actifs risqués, mais le marché semble hésiter.

L’une des raisons de cette hésitation se situe sur le terrain de la géopolitique, en l’occurrence la transparence comptable des sociétés chinoises cotées aux Etats-Unis. Selon Bloomberg, les discussions progresseraient sur ce sujet. Si tel était le cas, cela pourrait permettre d’éviter le delisting de ces sociétés du marché américain et donc ses éventuelles conséquences négatives.

L’autre raison, plus floue, est l’ambition de Xi Jinping à l’égard de Taïwan, qu’il considère comme « sa 23e province », et qu’il a déjà menacé d’envahir. Selon le Financial Times, une réunion d’urgence a rassemblé, le 22 avril dernier, les régulateurs chinois et les représentants des banques nationales pour organiser la protection des actifs chinois à l’étranger en cas d’invasion et de sanctions américaines.

Pour un investisseur, la prise de risque peut sembler opportune du point de vue du positionnement économique de la Chine, de sa valorisation ainsi que de sa politique fiscale et monétaire. Le risque géopolitique s’appréhende lui plus difficilement, au vu des liens commerciaux tissés entre la Chine et le reste du monde. Après l’invasion de l’Ukraine par Poutine, celle de Taïwan par la Chine est une hypothèse, qui si elle se réalisait, provoquerait sans nul doute une baisse sans équivoque des actifs chinois…

Rédaction achevée le 06.05.2022 Benjamin Bourguignat, Fund Manager

 

Telex:

Pas de surprise, un peu de visibilité. Conformément aux attentes, la Fed a relevé ses taux de 50 bp et donné le top départ à la réduction de la taille du bilan, qui débutera le 1er juin. Peu de surprise également dans le communiqué du FOMC et dans l’introduction de Jerome Powell de la conférence de presse : la Fed continue d’insister sur la priorité absolue donnée à la baisse de l’inflation, qui pourrait continuer de surprendre à la hausse à court terme, avec les effets du conflit ukrainien et du Covid en Chine. Lors de la session de questions réponses, Jerome Powell a tâché de se montrer confiant sur la capacité de la Fed à normaliser l’inflation sans trop heurter la croissance. Toutefois il apparaît clairement que, dans l’absolu, la stabilité des prix restera l’objectif prioritaire (fut-ce au prix d’une récession modérée et temporaire). Néanmoins, les marchés ont été rassurés par le fait qu’une hausse des taux de 75bp n’ait pas été discutée ni même qu'elle était sur la table, ce qui accroît la visibilité sur le calendrier du resserrement monétaire.

Après les SWIFTs, l’énergie. Après la réunion des ministres de l’énergie des pays européens, la présidente de la commission européenne propose de se passer du pétrole russe d’ici la fin de l’année. La réaction ne s’est pas fait attendre. Dans la continuité de la hausse du pétrole, les autres énergies fossiles ont emboîté le pas. Cependant, nous aurions pu nous attendre à une hausse bien plus forte des matières premières, mais selon certains experts l’Europe a la capacité de compenser une grande partie des livraisons russes.

Malgré tout, cela soulève la question de la capacité des autres producteurs à produire plus. L’OPEP, a annoncé le 5 mai que son niveau de production restera le même. D’un autre côté, l’administration Biden se prépare à reconstituer ses réserves de change. L’offre mondiale pourra-t-elle faire face à cette demande ? Dans ce contexte d’incertitude, les prix de l’énergie pourraient continuer à s’apprécier encore.

Picking de la semaine

Moncler

MONCLER, sur la piste d’un très bon premier trimestre 2021

L'Actu.

Le groupe italien spécialiste de vêtements de ski haut de gamme qui vient de publier son chiffre d’affaires du premier trimestre 2022 a tenu une journée investisseurs afin de revenir sur la stratégie de ses deux marques, Moncler et Stone Island.

Notre Analyse.

Le groupe MONCLER a publié de très bons chiffres pour le premier trimestre 2022 avec une croissance de 60% de son chiffre d’affaires dont une augmentation de 29% pour la marque MONCLER, qui constitue 80% du chiffre d’affaires du groupe. Stone Island, la deuxième marque du groupe acquise en 2020 qui représente 20% du chiffre d’affaires, enregistre un chiffre d’affaires en progression de +31%. 

Ces bons résultats sont portés notamment par l’Asie, qui progresse de +15% en organique. Nous retiendrons notamment une performance à deux chiffres en Chine, en dépit des confinements qui ont impacté la croissance d’autres marques de luxe depuis mars 2022 et de la fermeture de 10% des magasins du groupe sur le mois. L’Europe et le Moyen-Orient ont fortement rebondi, à +48% de croissance. Aux Etats-Unis, la croissance reste également soutenue, à +36%. Le groupe prévoit que d’ici 2025, 50% de la croissance proviennent de la Chine et des Etats-Unis.

Le groupe coté à Milan a tenu, après la publication de ses résultats, une journée dédiée aux investisseurs afin de  présenter sa stratégie à moyen terme. La digitalisation de MONCLER va se poursuivre et l’accent sera mis sur le développement durable. La marque a également l’ambition de consolider sa ligne footwear, qui devrait représenter à terme, selon l’équipe dirigeante, 10% du chiffre d’affaires. Le groupe mise aussi sur l’ouverture d’une quinzaine de magasins en Asie-Pacifique.

En conclusion.

Après un recul de près de 36% du titre, la valorisation de MONCLER nous semble attractive à 12 fois l’EV/EBITDA et 25 fois le résultat net de l’année 2022, compte tenu de la confiance affichée par le management pour le reste de l’année.

lfde logo

Pour accéder au site, cliquez ICI.

Ces informations et ce document ne sont pas constitutifs d’un conseil en investissement, une proposition d'investissement ou une incitation quelconque à opérer sur les marchés financiers. Elles sont fournies à partir des meilleures sources en notre possession. Les informations communiquées sont le résultat de recherches internes réalisées par l'équipe de gestion dans un contexte de marché en particulier, elles n'engagent aucunement La Financière de l'Echiquier et sont susceptibles d'évoluer dans le temps. La présence des valeurs citées dans le portefeuille des fonds ainsi que leur performance ne sont pas garanties dans le temps. Les résultats passés des entreprises ou les performances passées du cours de l'action ne préjugent pas des résultats ou performances futures qui ne sont pas constants dans le temps.