La Financière de l'Echiquier - Quelques grains de sable dans les rouages

04/10/2021 - source : Patrimoine 24

Après 7 mois de hausse consécutive, les actions mondiales ont battu en retraite en septembre¹. Doit-on s’en inquiéter ? En quelques semaines, l’appétit pour le risque des investisseurs semble s’être amenuisé pour de multiples raisons.

Clément Inbona LFDEDu côté de la politique monétaire, après avoir précautionneusement préparé les marchés à cette éventualité, la Fed réfléchit à l’extinction progressive de ses mesures accommodantes. Elle devrait dans un premier temps réduire ses rachats d’actifs, pour ensuite ajuster le niveau des taux directeurs. La Banque Centrale Européenne marche dans ses pas, même si la sémantique diffère : il est dorénavant question de « recalibrage » de ses mesures d’exception liées au Covid. Les flux d’achat des banques centrales vont se tarir et les marchés l’ont bien compris en propulsant les taux longs à la hausse ces dernières semaines.

L’inflation, (trop ?) longtemps diagnostiquée comme temporaire par les banques centrales, s’avère plus durable qu’initialement attendu. Le boom des réouvertures a certes provoqué des pénuries multiples, renchérit l’approvisionnement en matières premières et parfois augmenté drastiquement les délais d’approvisionnement. Mais la durée et l’ampleur de ces hausses de prix commencent à produire des effets secondaires. L’inflation devient suffisamment durable pour modifier le comportement des agents économiques. Les entreprises n’absorbent plus intégralement la hausse des coûts en compressant temporairement leur marge, ce qui commence à se répercuter sur leurs clients. Quant aux ménages, confrontés à la hausse des prix d’un grand nombre de biens et services de leur panier de consommation, ils perçoivent peu à peu son impact sur leur pouvoir d’achat. Ce phénomène provoque des négociations salariales au sein d’un marché du travail qui se normalise et dont certains segments subissent les déséquilibres hérités de l’épisode Covid.

Après un boom lié à la réouverture, l’activité économique se normalise peu à peu. Ce qui était prévisible. En revanche, sa décélération ne l’était pas. Depuis maintenant plusieurs semaines, économistes et organisations supranationales révisent à la baisse leurs anticipations de croissance pour 2021 et 2022. Un autre grain de sable pour les investisseurs qui étouffe un peu plus leur disposition à prendre du risque.

La situation politique et géopolitique n’est pas en reste puisque trois phénomènes se télescopent. D’une part, la sortie de crise sanitaire rend plus complexe l’émergence de consensus nationaux. D’autres part, les tensions géopolitiques semblent se renforcer, notamment entre les deux grandes puissances que sont les Etats-Unis et la Chine. Enfin, l’immixtion des états dans les affaires devient de plus en plus forte, guidée par un dénominateur commun, la réduction des inégalités sociales et économiques.

Pour autant, la machine n’est pas totalement grippée, plusieurs rouages sont encore bien huilés. Le risque sanitaire reflue, en particulier dans les pays où la couverture vaccinale est large. Bien qu’affichant une performance boursière à deux chiffres, la valorisation des entreprises est revenue sur des niveaux plus attractifs grâce à une hausse des bénéfices bien supérieure.

La mécanique boursière est peut-être moins fluide mais elle est encore loin d’être bloquée. L’euphorie de la réouverture semble bel et bien derrière nous. Pour le meilleur ou pour le pire ?

[1] Le MSCI World dividendes réinvestis en dollars a baissé de -4,12% en septembre 2021 portant à +13,41% sa performance depuis le début d’année.

Auteur : Clément Inbona, Gérant

 

 

Telex:

L'administration américaine s'offre quelques jours de répit : A Washington, les tractations vont bon train sur les questions budgétaires : shutdown, plafond de la dette et plan d’infrastructures. Autant de sujets d’achoppement entre les partis mais aussi au sein même des partis. Quoi qu’il en soit, un premier pas vient d’être fait pour éviter un blocage de l’administration – le shutdown – quelques heures avant l’échéance. L’Etat a prolongé le budget actuel jusqu’au 3 décembre 2021. Mais une autre échéance approche puisque le plafond de la dette sera atteint dès le 18 octobre prochain. Il pourrait faire basculer le pays en situation de défaut. Les négociations en parallèle sur un giga-plan d’infrastructures n’arrangent rien et complexifient un peu plus les négociations entre élus du Congrès, déjà tournés vers les élections de mi-mandat.

La vague d’inflation arrive sur la zone euro : L’inflation globale de la zone ressort à 3,4% en septembre tandis que l’inflation cœur atteint 1,9%, des niveaux inédits depuis 13 ans. Pas de quoi inquiéter Christine Lagarde qui voit dans les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement l’explication principale, sans pour autant craindre un phénomène durable. Cela rappelle la Fed qui faisait le même constat en avril dernier, qualifiant ces pressions de « transitoires ». 6 mois plus tard, force est de constater que le « transitoire » semble plus durable qu’attendu…

 

Picking de la semaine

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PLANET : des nanosatellites pour surveiller notre planète Terre

 

L’actu. 

S’il y a bien un acteur qui incarne la nouvelle ère spatiale, c’est la société américaine PLANET. Co-fondée en 2010 par trois scientifiques de la NASA dont Will Marshall, qui dirige la société, elle dispose d’environ 200 nanosatellites en orbite basse qui prennent plus de 3 millions de clichés de la Terre chaque jour. Mi-septembre, la société a publié ses premiers résultats trimestriels depuis sa cotation en bourse, après à sa fusion avec la SPAC dMY Technology.

 

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Notre analyse. 

Le spécialiste de l’imagerie satellitaire a publié un chiffre d’affaires trimestriel en hausse de +19% par rapport au même trimestre l’année dernière, pour atteindre 30,4 millions de dollars. PLANET compte désormais plus de 730 clients, soit une hausse de +36% sur un an. Cette croissance traduit une demande importante d’entreprises de différents secteurs qui intègrent les images de PLANET ainsi que leurs produits analytiques dans leurs opérations, pour gagner en connaissance et en efficacité.

Les entreprises agricoles sont ainsi de plus en plus nombreuses à utiliser ces données venues de l’espace. Les assureurs souscrivent également aux services de PLANET pour être informés au plus vite d’événements impactant leurs assurés. PLANET constate également une augmentation parmi ses clients de sociétés du secteur de l’énergie. Celles-ci utilisent par exemple les images satellites pour détecter des fuites dans leurs pipelines. Enfin, et plus traditionnellement, la clientèle de PLANET comprend des entreprises de cartographie ou des ONG qui surveillent le changement climatique ou la déforestation.

Le gouvernement américain a également souscrit à un contrat pour son Département de l’Agriculture et les chercheurs civils fédéraux. Pour envoyer ses satellites en orbite basse, PLANET a signé un partenariat multi-annuel avec SpaceX au cours du trimestre écoulé, afin de bénéficier d’un faible coût d’accès à l’espace. Les dirigeants de PLANET ont maintenu leurs prévisions pour l’ensemble de l’exercice fiscal qui se terminera en janvier 2022, avec un chiffre d’affaires annuel anticipé à 130 millions de dollars et une marge brute de 40%.

 

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En conclusion. 

PLANET semble très bien positionnée pour capter l’opportunité massive de la surveillance terrestre grâce à son modèle d’abonnement. Les satellites apportent des données uniques pour l’observation environnementale : 26 des 50 indicateurs définis lors de la COP 21 pour surveiller l’évolution climatique proviennent de données satellites. Il s’avère de surcroît que ces données satellites sont stratégiques pour un nombre croissant de secteurs.

 

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