Pictet Wealth Management - FED « Revêtir les casquettes de plombier et de professeur, tout en laissant les grandes décisions à plus tard »

16/03/2021 - source : Patrimoine 24

La Réserve Fédérale est sous pression des marchés monétaires et obligataires, qui se montrent de moins en moins sereins, surtout après le plan budgétaire massif du président Biden (1,900 milliards) et les bonnes nouvelles sur le plan de la vaccination, qui dopent les perspectives économiques américaines.

Thomas CostergL’institution devrait montrer une hausse de taux fin 2023 dans ses nouvelles prévisions, mais cela resterait un an plus tard que ce que le marché prévoit (environ décembre 2022).

Le fossé ‘dovish’ avec le marché devrait donc perdurer, et le chef de la Fed Jerome Powell devra mettre les bouchées doubles dans l’explication de texte, notamment de la stratégie de ciblage de l’inflation « en moyenne », mal comprise voire ignorée par les marchés monétaire et obligataire à l’heure actuelle. Le marché a en effet tendance à interpréter la Fed via un prisme « à l’ancienne » et plus simple, comme s’il avait ressorti la règle de Taylor en vogue dans les années 1990 : le marché extrapole qu’un retour du PIB à sa trajectoire ‘potentielle’ dès cette année et donc d’un retour de l’inflation sous-jacente à 2% signifie un retour précoce et quasi automatique des hausses de taux.

Le fossé ‘dovish’ avec le marché devrait donc perdurer, et le chef de la Fed Jerome Powell devra mettre les bouchées doubles dans l’explication de texte, notamment de la stratégie de ciblage de l’inflation « en moyenne », mal comprise voire ignorée par les marchés monétaire et obligataire à l’heure actuelle. Le marché a en effet tendance à interpréter la Fed via un prisme « à l’ancienne » et plus simple, comme s’il avait ressorti la règle de Taylor en vogue dans les années 1990 : le marché extrapole qu’un retour du PIB à sa trajectoire ‘potentielle’ dès cette année et donc d’un retour de l’inflation sous-jacente à 2% signifie un retour précoce et quasi automatique des hausses de taux.

Rien n’est moins sûr néanmoins et nous continuons à penser que le marché monétaire est quelque peu prématuré dans ses conclusions ; les contraintes pesant sur la Fed sont beaucoup plus significatives que dans les années 1990, notamment le poids de la dette publique et privée, le rôle implicite d’assistance au financement du déficit, et enfin une compilation de nouveaux mandats tacites allant à l’encontre du resserrement monétaire.

Il n’est d’ailleurs pas à exclure qu’on empile un nouveau mandat dans les prochaines années, tel qu’on vient de le faire au Royaume-Uni, avec le besoin d’aider la transition énergétique vers le « zéro carbone », et donc avec des taux bas.

En définitive, Jerome Powell pourrait à ce meeting divertir quelque peu l’attention en se focalisant sur les questions de « plomberie » telles que la suite à donner au ratio SLR (qui doit se réappliquer fin mars). Il devrait aussi aborder les questions de potentielle saturation de liquidité à très court terme, remises au goût du jour par la volonté du Trésor de réduire son compte bancaire à la Fed (ce qui mènera à un gonflement automatique des réserves bancaires, qui sont déjà sur-saturées). D’un point de vue technique, racheter du papier à plus long terme lors des opérations de QE (Opération Twist) ferait du sens.

Concernant les taux d’intérêt long terme, nous nous attentions de la part de Jerome Powell à un message plus raffiné et plus nuancé que les récents propos signalant qu’ils reflètent simplement de meilleures perspectives américaines. La Fed n’est néanmoins pas prête, selon nous, à utiliser des méthodes plus concrètes telles que le ciblage de taux – du moins pour le moment.

Bien que les perspectives économiques s’améliorent nous continuons de penser que la Fed pourra rester patiente concernant son resserrement monétaire. Le premier signal à ce propos viendra du QE, et a priori Powell devrait répéter qu’il est toujours trop tôt pour envisager sa fin. Nous la voyons toujours début 2022, en se basant sur l’idée que le pic probable d’inflation du printemps restera temporaire, et sur le fait que le marché de l’emploi pourrait mettre beaucoup plus de temps que le PIB à revenir à son potentiel théorique.

Thomas Costerg, Economiste senior US chez Pictet Wealth Management

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