Vontobel AM - Mener le bon combat: les marchés du carbone

29/06/2023 - source : Patrimoine 24

Christel Rendu de Lint, notre Head of Investments, explore ce sujet dans le dernier rapport du FT Moral Money Forum, dont nous sommes un fier partenaire. L’édition de juin se concentre sur les marchés du carbone. Christel affirme que si une grande partie du travail est actuellement réalisée par le secteur de la conformité, les marchés privés sont prêts à mettre les bouchées doubles.

Christel Rendu de Lint VontobelChez Vontobel, notre priorité est de façonner activement l’avenir de l’investissement. Permettre aux investisseurs de construire un avenir meilleur est notre raison d’être et assurer la pérennité de l’investissement est l’une de nos priorités stratégiques. Face au défi climatique, cela veut dire se tenir aux côtés de toute la communauté des investisseurs pour agir sur cette question urgente à l’échelle mondiale.

Société d’investissement internationale et entreprise citoyenne, nous tenons à contribuer activement à cette transition, au mieux de nos capacités et de notre portée. Nous voulons contribuer aux Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations unies et soutenons l’Accord de Paris et son objectif de limitation des hausses de températures mondiales à un niveau bien inférieur à 2 °C, soit un objectif de 1,5 °C.

Ce combat ne peut être gagné par un seul secteur, et encore moins par une seule entreprise. En effet, la collaboration mène à l’action qui est désespérément nécessaire aujourd’hui. Peu d’entreprises sont en mesure d’atteindre la réduction convenue de 7 % par an sur la base des émissions absolues, c’est pourquoi il y a urgence. Dire que la lutte contre les émissions carbone est urgente relève de l’euphémisme. Le secteur financier prend part à la lutte contre le changement climatique en permettant aux acteurs du marché d’accéder aux marchés du carbone, qui sont devenus un mécanisme utile pour aider les entreprises à atteindre des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Grâce à la croissance de ce marché, les réglementations sont plus strictes, les rapports plus transparents et les informations sur les facteurs ESG plus nombreuses, renforçant ainsi le soutien et la reconnaissance des marchés du carbone. Aujourd’hui, 44 % des entreprises cotées en bourse se sont fixé un objectif de décarbonisation. Aujourd’hui, les marchés de conformité font le gros du travail, mais les marchés volontaires prendront le pas à mesure que les objectifs de décarbonisation se feront plus pressants – et c’est là que nous pensons qu’ils peuvent vraiment changer la donne.

Pour nous, en tant que gestionnaire d’investissement, les marchés du carbone sont un outil efficace: ils sont agnostiques, c.-à-d. qu’ils ne dictent pas d’instruments d’investissement requis, et ils favorisent la transition vers une économie verte et la décarbonisation. Toutefois, il y a aussi des défis à relever. Même en étant une solution, les marchés du carbone ne sont qu’un outil dans la boîte à outils de l’objectif net zéro et orientés vers la gestion des émissions plutôt que vers leur élimination. Et voilà où nous voyons actuellement des défis à relever pour les marchés du carbone.

Primo, le prix actuel des crédits carbone n’est qu’une fraction de ce qui serait nécessaire pour que les marchés du carbone aident à limiter le réchauffement à un niveau bien inférieur à 2 °C. Or, une tarification plus élevée donnera une hausse des prix à la consommation, d’où la question: comment fixer avec précision le prix d’une externalité négative? Secundo, il existe un risque de greenwashing, car les marchés du carbone ne représentent pas une réduction réelle d’émissions. Souvenez-vous des rapports de 2010 et ces usines chimiques qui manipulaient leurs émissions de «super» gaz à effet de serre HFC-23 (dérivé de la production de HFC-22) afin d’obtenir des crédits de carbone en les éliminant. De plus, l’urgence doit être prise en compte dans le retour sur investissement environnemental. Ainsi, les programmes de reforestation, bien que nécessaires, permettent-ils d’obtenir un réel avantage de décarbonisation dans le délai fixé par l’Accord de Paris, sachant le temps nécessaire à la croissance d’un arbre?

Enfin, l’organisation des marchés du carbone repose largement entre les mains des gouvernements et des décideurs politiques. Ces décideurs fixent le cadre d’utilisation des marchés du carbone, leur facilité de mise en œuvre, leur relation, la coordination entre les pays, les niveaux de prix et d’autres mécanismes de compensation tels que la taxe sur le carbone. Des actions telles que des mesures de standardisation et d’audit renforceraient l’efficacité du marché. Mais, comme indiqué plus haut, ce combat doit être mené d’urgence et collectivement. Et les allocataires de capitaux peuvent, et même doivent, en tant qu’entreprises citoyennes, jouer un rôle clé dans le soutien de cette transition vers la décarbonisation.

Ainsi, nous intégrons les risques, y compris les risques ESG et carbone, dans nos décisions d’investissement actives afin d’identifier les options d’investissements durables et de qualité. Nos six engagements de durabilité ont été définis l’an dernier et forment une base stratégique pour l’avenir, indiquant les modalités de notre propre transition vers le net zéro, et la façon dont nous comptons prodiguer à nos clients le savoir-faire, les conseils et les solutions d’investissement nécessaires à la réalisation de leurs ambitions de durabilité. Nous pouvons aussi provoquer des changements dans les entreprises dans lesquelles nous investissons, en les incitant à améliorer leurs pratiques de gestion du carbone, à accroître leur transparence et à adopter des stratégies commerciales durables. Ce sont là certaines mesures que nous prenons au sein de Vontobel, car nous nous concentrons sur l’investissement durable et nous relevons les défis et les opportunités inhérents à cette aventure.

Par Christel Rendu de Lint, Head of Investments

bnpam

 

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