Vontobel - Les composantes d’un futur super cycle de l’énergie propre

21/05/2021 - source : Patrimoine 24

Le monde réduit progressivement sa dépendance au pétrole, notamment car les voitures de sport électriques sont plus cool que les SUV gourmands en carburant. Vous pouvez toujours mettre les gaz, mais le gazole va disparaître. Malgré les déclarations de l’envoyé américain pour le climat, John Kerry, les technologies de transition écologique existent.

Si le pétrole en tant que combustible fossile est en voie de disparition, il demeure une matière première importante pour toute une série d’autres secteurs. Cela dit, le monde réduit peu à peu sa dépendance à l’or noir, notamment car les voitures de sport électriques sont beaucoup plus cool que les SUV gourmands en carburant (une affirmation qui ne fait toutefois pas l’unanimité). Vous pouvez toujours mettre les gaz, mais le gazole va disparaître. Malgré ce que semblent penser certains experts, les technologies permettant la transition écologique existent (voir graphique 1).

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Pour en savoir plus sur le thème des super cycles de l’énergie, cliquez ici et ici (en allemand) :

Les solutions climatiques s’appuient sur le progrès technologique

Les engagements de décarbonation du monde resteront lettre morte sans progrès technologiques rapides. Et ceux-ci se concrétisent lentement mais sûrement. La croissance exponentielle des énergies renouvelables, sous-tendue par les améliorations technologiques de la décennie écoulée, en constitue un bon exemple. Pour une nouvelle installation, le coût de l’électricité d’origine éolienne ou solaire est désormais moins élevé que celui du nucléaire et du charbon, et légèrement inférieur à celui du gaz naturel (voir graphique 2). Près de 90% de l’augmentation de la capacité électrique mondiale enregistrée l’année dernière est ainsi attribuable à la croissance des énergies éolienne, solaire et hydraulique.

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Les gouvernements débloquent des sommes considérables

Plusieurs gouvernements annoncent simultanément des programmes d’investissement massifs dans les infrastructures vertes. Le Pacte vert pour l’Europe vise à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et à amener le bloc commercial à la neutralité carbone d’ici 2050. Ce plan de 1.000 milliards d’euros financera notamment des projets destinés à atténuer l’impact du changement climatique. Une législation et des politiques clés, notamment un système européen d’échange de quotas d’émission et des objectifs nationaux d’émission pour les transports, le bâtiment et l’agriculture, ont également été mises en place. Parallèlement, les Etats-Unis ont fait leur retour sur la scène climatique internationale après l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. Les démocrates ont présenté un projet de loi sur le climat de grande ampleur, qui vise à décarboner entièrement l’économie américaine d’ici 2050 et prévoit des investissements qui se chiffrent en milliards de dollars dans des infrastructures respectueuses du climat.

La Chine, à la fois premier pollueur mondial1 et grand installateur d’infrastructures d’énergie verte, ambitionne d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Selon Goldman Sachs, cet effort devrait s’appuyer sur les énergies renouvelables, l’« hydrogène propre » et le captage du carbone et nécessiterait 16.000 milliards USD d’investissements2. La question de savoir si tous ces plans porteront leurs fruits fait débat. Quoi qu’il en soit, les gouvernements vont dépenser des sommes considérables.

Le nombre d’experts en matière de climat augmente au même rythme que celui des gouvernements qui promettent de lutter contre le changement climatique. On peut notamment citer Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre aujourd’hui envoyé spécial pour le financement de l’action climatique des Nations unies, ou l’ancien secrétaire d’Etat américain John Kerry, actuellement envoyé spécial de Joe Biden pour le climat. Les avis sur la question sont, eux aussi, de plus en plus nombreux. John Kerry a récemment déclaré que la moitié des réductions d’émissions de carbone visées devraient provenir de technologies futures « qui n’existent pas encore » - une déclaration qui a laissé certains ingénieurs pantois. Nous sommes convaincus que l’investissement dans les technologies propres déjà disponibles et leur utilisation permettront de faire un grand pas en avant.

Des moyens alternatifs pour alimenter votre moteur à technologie propre

Il semble donc qu’un super cycle soit en train de se former, lequel devrait selon nous faire ressortir le meilleur des capacités d’innovation des entreprises et doper les portefeuilles d’investissement. Pourtant, les investisseurs peuvent parfois se sentir un peu perdus face à l’étendue de l’univers d’investissement potentiel. Ou, pour reprendre l’exemple cité en introduction, il peut y avoir trop de concessionnaires automobiles vantant les qualités « vertes » de leurs véhicules. Nous suivons depuis longtemps les allées et venues sur le vaste showroom des technologies propres et sommes heureux de pouvoir proposer ici quelques conseils. Pour ce faire, nous nous concentrons sur l’un de nos piliers d’impact, à savoir les infrastructures d’énergie propre. Sous cette rubrique, nous ciblons les fabricants d’équipements électriques, les fournisseurs de réseaux intelligents et de solutions de transmission, ainsi que les services aux collectivités.

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Infrastructures d’énergie propre, y compris les « réseaux intelligents »

Au cours des trois prochaines décennies, les investissements mondiaux cumulés dans les nouvelles capacités énergétiques devraient dépasser 15.000 milliards de dollars. Les deux tiers de cette somme seront consacrés aux infrastructures d’énergie solaire et éolienne (voir graphique 3). Le problème de ces deux sources d’énergie est qu’elles produisent un surplus d’énergie pendant une certaine période tandis que la production est nulle à d’autres moments. Pour pallier ce manque, le monde a besoin de réseaux intelligents. Il s’agit de réseaux électriques décentralisés capables d’intégrer le comportement et les actions de tous les utilisateurs de manière rentable. Contrairement aux réseaux traditionnels, ils dépassent les frontières nationales. Eventuellement bidirectionnels, les réseaux intelligents peuvent inclure des lignes de transmission courtes. Cette caractéristique favorise la production d’électricité à petite échelle. Les propriétaires immobiliers peuvent devenir des producteurs d’électricité actifs (par exemple en installant des panneaux solaires sur leur toit) qui revendent leur production excédentaire. Les réseaux intelligents ont ainsi le potentiel de réduire considérablement l’impact environnemental de l’ensemble du système d’approvisionnement en électricité. L’entreprise américaine Itron, par exemple, opère dans le secteur des réseaux intelligents. Ses compteurs intelligents, combinés à une analyse avancée des données en temps réel, permettent de détecter les fuites, les défaillances au niveau de l’infrastructure ainsi que leur localisation, ce qui évite les pertes et réduit le coût des réparations.

Les investisseurs qui s’intéressent aux marchés émergents pourraient envisager une participation dans Jiangsu Zhongtian Technologies (ZTT), un fabricant chinois de câbles de transmission d’énergie, aussi bien pour les interconnexions à haute tension entre réseaux que pour l’intégration de la production d’énergie renouvelable.

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Les transports à faibles émissions nécessitent des batteries - l’hydrogène est-il une solution ?

Un autre de nos piliers d’impact est le transport à faibles émissions, ce qui nous amène à nous demander comment rendre les voyages ferroviaires et routiers plus efficaces. Dans ce domaine, les entreprises qui viennent à l’esprit sont notamment la société japonaise Nidec, qui fabrique des moteurs électriques et des composants à haut rendement pour l’industrie automobile, ou encore la société allemande Continental, qui fournit des composants pour les véhicules hybrides et électriques ainsi que des pneus à faible résistance au roulement.

Si le recours à des batteries puissantes deviendra incontournable pour assurer des déplacements à faibles émissions, leur capacité est actuellement limitée. L’utilisation de l’hydrogène comme moyen de stockage de l’énergie pourrait être une solution, mais il est actuellement produit à partir du gaz naturel, ce qui représente un problème dès lors qu’il s’agit d’une méthode de production certes bon marché mais polluante. L’extraction d’hydrogène à partir de sources renouvelables - électrolyse de l’eau avec l’énergie provenant de panneaux solaires ou de parcs éoliens - devrait devenir une option viable d’ici quelques années. Une imposition élevée des émissions de carbone et/ou un système de subventions pourraient permettre d’accélérer le changement (voir graphique 4).

Parmi les entreprises que nous suivons dans ce secteur, le sud-coréen Samsung SDI fabrique des produits utilisés dans les véhicules électriques ainsi que des dispositifs de stockage électrique, principalement en combinaison avec la génération d’énergie renouvelable. Enfin, en ce qui concerne l’hydrogène, nous gardons un œil sur la société française Air Liquide, qui exploite un certain nombre de stations de ravitaillement en hydrogène pour les voitures, les camions et les bus.

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Pied au plancher sans mauvaise conscience

Les (trois) prochaines décennies représenteront probablement un « super cycle » pour les investissements dans les technologies propres. Les infrastructures d’énergie propre et les transports à faibles émissions sont deux des principaux secteurs à intégrer au sein d’un portefeuille axé sur les défis environnementaux. La mondialisation des politiques en faveur du climat et la volonté affichée par les superpuissances d’atteindre l’objectif « zéro émission nette » entre 2050 et 2060 stimuleront les investissements dans les infrastructures vertes. Les mesures gouvernementales visant à bâtir une économie plus écologique iront dans la même direction. Nous anticipons, pour les trente prochaines années, de nombreuses opportunités pour les investisseurs à long terme dans le secteur de l’énergie. Cela devrait enfin permettre aux conducteurs de mettre les gaz sans avoir mauvaise conscience.

 

Pascal Dudle, Head of Listed Impact, Portfolio Manager

Marco Lenfers, Client Portfolio Manager

Matthias Fawer, Analyst ESG & Impact Assessment

 

La Chine représente 28% des émissions mondiales de CO2 ; elle est suivie par les Etats-Unis (15%), l’Inde (7%) et la Russie (5%), d’après l’association américaine Union of Concerned Scientists (données au 12 août 2020) https://www.ucsusa.org/resources/each-countrys-share-co2-emissions « Carbonomics. China Net Zero: The clean tech revolution », Goldman Sachs Equity Research, 20 janvier 2021.

 

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